« Moi je n’ai pas de sexualité puisque je ne suis pas en couple ! » Cette phrase, entendue de nombreuses fois par des personnes vivant une période de célibat induit que la sexualité se résumerait à la relation sexuelle ! Comme homme et femme dotés d’un corps sexué, nous avons TOUS une sexualité !

 Prendre conscience qu’une sexualité vit en moi

La personne humaine est mue par trois grandes dimensions : la tête, le corps, le cœur. La sexualité avant de se vivre dans la relation, se vit dans ces trois dimensions. Quelles sont les pensées, les émotions, les sensations qui nous traversent, du fait de notre corps sexué ? En fonction des uns et des autres cela va se manifester d’abord dans le mental, ou d’abord dans l’émotion ou d’abord dans l’instinct. En identifiant le levier premier chez soi, cela va être un point de départ à l’unification de son être. 

Quand je reçois Amandine en consultation, elle me dit qu’elle ne ressent aucun désir, que la sexualité n’est pas pour elle. Pourtant elle sent bien que le fait de ne pas être connectée à sa dimension de personne sexuée, la coupe d’une partie d’elle. En prenant conscience que sa sexualité s’exprime d’abord par le prisme de ses pensées, elle découvre un chemin qui lui donne accès à son excitation sexuelle et la fait se sentir plus vivante.

Accueillir ma sexualité 

Le fait de ne pas pouvoir partager cette sexualité dans une relation, poussent beaucoup de personnes qui vivent le célibat, à se couper de ces pensées, ces émotions, ces sensations. Ce mécanisme inconscient est bien dommage ! Se couper de sa sexualité, c’est se couper d’une partie de soi, d’une énergie vitale incroyable. La sexualité est un élan de vie, s’y connecter permet de sentir la vie en soi. La pulsion sexuelle est bonne en elle-même. Elle est un jaillissement, qui a besoin d’être aligné dans les trois dimensions de mon être pour que je puisse poser l’action en cohérence avec qui je suis et ce que je veux vivre. Pour cela, j’ai besoin dans un premier temps d’accueillir ce jaillissement, d’en récolter le goût, la saveur, dans mon corps pour pouvoir ensuite poser une action libre, plutôt que de réagir immédiatement à cet élan, au risque de ne pas rester dans mon alignement.

Arnaud et en couple depuis dix ans, mais sa compagne ne ressent pas de désir sexuel et vit leurs relations sexuelles comme un devoir conjugal, ce dont Arnaud ne veut pas. Il observe que renoncer à leur vie sexuelle de couple, le pousse inconsciemment à se couper de sa propre sexualité. En apprenant à accueillir sa pulsion, son désir, dans ses pensées, dans ses émotions, dans ses sensations, même s’il n’en fait rien (choix fait en conscience et librement), il se sent à nouveau vivant et cela lui procure une immense joie et une énergie qui est un puissant moteur dans toutes les dimensions de sa vie. Même si la sexualité de ce couple est un travail d’alignement entre eux, ils comprennent que c’est avant tout une expérience personnelle qui est le point de départ de la rencontre.

Dépasser la frustration

Le principal obstacle à la connexion à sa sexualité quand on vit une période d’abstinence est la fuite de la frustration. A quoi bon sentir mon excitation sexuelle, si je ne peux rien en faire ? Quelle frustration ! Cette émotion aversive est si désagréable à ressentir, que nous avons tous développé des stratégies inconscientes pour ne pas la ressentir. Soit en répondant immédiatement à sa pulsion, soit en bloquant l’émotion, sans en allant chercher ailleurs une émotion agréable à ressentir pour accéder à une nouvelle forme de bien-être. Sauf que dans aucun de ces processus l’émotion, avec le message qu’elle avait à délivrer, n’a été entendue. Celle-ci risque donc de revenir de plus belle entraînant la même réponse… C’est ce qui bien souvent conduit à des comportements addictifs. 

Le piège de la pornographie

L’excitation sexuelle, que l’on a rarement appris à accueillir de manière belle et positive, possède une telle force que l’on ressent le besoin irrépressible de donner une réponse immédiate à cette pulsion. Du fait de cette frustration, il est facile de tomber dans le piège de la pornographie dès le plus jeune âge. Mais les conséquences sont lourdes : addiction, angoisse de performance, escalade de violence dans les images, perte d’érection… Les effets de la pornographie sur l’intimité de la personne, sur sa capacité à fantasmer, sur son rapport à son corps, à l’autre, au consentement et bien d’autres sont dangereux ; à titre individuel et relationnel, voire même sociétal. Apprendre à accueillir et à accepter de ressentir la frustration est un signe de maturité émotionnelle. C’est un apprentissage qui passe dans un premier temps par la capacité à nommer ce ressenti. Une fois que j’ai identifié que l’expérience que je suis en train de vivre est du registre de la frustration, que je prends conscience de l’état qui est celui que je vis à ce moment-là, je peux accéder à mon libre-arbitre pour choisir quelle réponse je souhaite donner à ce ressenti.

Guillaume est ultra connecté à ses sensations corporelles et particulièrement à son excitation sexuelle. Un rien active sa pulsion qui devient vite envahissante. Il se masturbe plusieurs fois par jour, visite des sites pornographiques quotidiennement. En apprenant à accueillir sa pulsion, à accepter la frustration qu’il ressent à ne pas pouvoir déployer cette énergie sexuelle dans une relation, il accède à une forme de paix, lui qui était prisonnier de cette tension sexuelle envahissante. Le sport, la cuisine, les amitiés, deviennent des espaces dans lesquels il peut déverser son énergie et lui procurent beaucoup plus de satisfaction.

Les attentes et les déceptions

Il y a chez beaucoup de célibataires, la croyance que le couple viendra combler tous les manques qu’ils ressentent fortement dans leur statut inconfortable. Le désir d’aimer et d’être aimé, d’aimer avec tout son être, avec tout son corps, est un besoin profond légitime. Il est important de prendre conscience des attentes et des projections que l’on peut avoir sur le couple et la relation sexuelle ; de se connecter à ses besoins profonds pour apprendre à y répondre d’une façon ajustée, quelle que soit sa situation. Même si cette période n’est pas complètement satisfaisante, quand on a un profond désir de s’engager dans une relation amoureuse durable, elle peut être vécue pleinement en se connectant à toutes les parties de soi, y compris sa sexualité, qui nous fait nous sentir VIVANTS !